Personnalités

Les maires de Tarnos

Les maires de Tarnos dans la lutte

Depuis 1919 et l’élection du premier maire d’origine populaire, les premiers magistrats de Tarnos ont été des personnages marquants pour l’histoire de la ville et de ses habitants. Issus d’une tradition ouvrière, tous étaient imprégnés et porteurs de l’idéal communiste, à travers le contexte politique, social et culturel propre à chaque époque.
Cette affirmation de valeurs, si elle reflétait l’état d’esprit des Tarnosiens, des Tarnosiennes et de leurs voisins Boucalais, n’était pas forcément du goût des autorités. Plusieurs maires et élus du Conseil municipal ont été destitués par les Préfets, d’autres déportés durant la seconde guerre mondiale.

Retour en dates sur une histoire peu commune

1919 – 1920 : François Graciet

François Graciet est suspendu pendant un mois avec son Premier Adjoint M. Laffargue pour avoir « arboré le drapeau rouge » à la Mairie le jour du 1er mai. Une « étoffe rouge » accompagnait ce drapeau, avec l’inscription : « Notre Patrie c’est l’univers ; notre ennemie, c’est le capital ; nous ne connaissons pas de frontières. Vive l’Internationale ! ».

Le même jour, 20 mai 1920, l’ensemble du Conseil municipal de Tarnos démissionne, « protestant contre les sanctions dont sont victimes [leurs] camarades » du Conseil municipal du Boucau, mais aussi devant « l’arrestation arbitraire » de Viro (syndicaliste des Forges de l’Adour).

François Graciet est révoqué de ses fonctions le 8 juin par le Président de la République Française, Paul Deschanel, sur proposition du Ministre de l’Intérieur. Paul Laffargue, se déclarant solidaire du Maire, subit le même sort. En savoir+

1920 – 1923 : Pierre Dufourcet

Le 27 avril 1919, le Conseil municipal de Tarnos vote l’édification d’un monument aux morts pour la guerre 14-18 et lance une souscription auprès de la population. Le monument comportait à l’origine des inscriptions peintes en noir sur ses 4 faces :

  • Côté Est : « A ceux qui sont mort croyant défendre les belles vertus de la race humaine »
  • Côté Nord : « Les guerres n’ont jamais été que la misère des peuples. Souvenez-vous »
  • Côté Ouest : « L’humanité n’a qu’un chemin : la Paix »
  • Côté Sud : « Mère de famille, que l’avenir dans la paix nous réserve plus de gaieté »

Ces accents pacifistes qui défient le pouvoir ne sont pas du goût de l’État. Par arrêté préfectoral, il est demandé au Maire de Tarnos de supprimer les inscriptions. Soutenu par le Conseil municipal, celui-ci refuse d’obtempérer. Pierre Dufourcet est suspendu par le Préfet en décembre 1923 et les inscriptions effacées. Après réélection en janvier 1924, le nouveau Conseil municipal dénoncera ces décisions préfectorales.

1925 – 1930 : Jean Bébé

Jean Bébé est révoqué le 18 juin 1930 pour avoir fait apposer des affiches blanches et noires « à caractère officiel » appelant la population à manifester le 1er mai 1930. En savoir+

1930 – 1935 : Charles Durroty

Résistant, Charles Durroty est raflé en octobre 1942. Il décéde en février 1945 à Sachsenhausen. En savoir+

1935 – 1939 : Joseph Biarrotte

Le 27 octobre 1939, comme ceux des maires communistes de France, le mandat de Joseph Biarrotte est interrompu par un décret de destitution. Il est déporté à Buchenwald. Survivant, il est réélu Maire en 1947. En savoir+

1939 – 1944 : Maurice Daugareil

En 1939, suite à la destitution de Joseph Biarrotte, Maurice Daugareil est nommé par le Préfet « Président de la délégation spéciale » et chargé d’administrer la ville qui tombera sous l’occupation allemande à partir de juin 1940.

1944 – 1947 : Albert Castets

Albert Castets est élu au sein de la première séance du « Comité Communal Provisoire », comité composé exclusivement de résistants, après que la ville ait payé un lourd tribu. Il est réélu le 29 octobre puis le 12 mai 1945. En savoir+

1971 – 1991 : André Maye

André Maye a été profondément marqué par la fermeture des Forges de l’Adour en 1965. La reconversion industrielle du site sera en partie rendue possible par son action volontaire. Militant engagé, il paiera par deux ans de chômage ses convictions syndicales. En savoir+

Les maires de Tarnos et de Boucau déportés

Exposition réalisée dans le cadre du 70ème anniversaire de la rafle des Résistants de Boucau et de Tarnos. 2012 – Réalisation Ville de Tarnos. Documents actualisés et complétés en janvier 2016.

Fait peu connu, la répression des militants et des élus communistes a commencé dès l’automne 1938 en France. Or, depuis la création du Parti Communiste en 1920, Tarnos et Boucau sont administrées par des élus communistes souvent issus du milieu ouvrier et syndicaliste des Forges. Les élus des deux communes sont destitués entre le 19 août et le 2 novembre 1939, avant que la presse communiste ne soit interdite (26 août) et le Parti dissout (26 septembre).

Jean-Baptiste Lanusse, Maire de Boucau, Etienne Ladaboure, adjoint, et André Moine, secrétaire du PCF Aquitaine, sont déportés dans le Sud-Algérien.

Joseph Biarrotte, Maire de Tarnos, est quant à lui destitué le 27 octobre, interné au camp de Beauplaisir à Mérignac avant d’être déporté. Survivant, il est de nouveau élu Maire de 1947 à 1971.

En revanche, Charles Durroty, ancien Premier Adjoint et Maire de Tarnos, est arrêté lors des rafles d’octobre 1942. Il décède le 13 février 1945 dans le camp de Sachsenhausen.

Maurice Perse, ancien Maire de Boucau arrêté un peu plus tôt, perd lui aussi la vie dans le camp de Buchenwald.

Nombreux furent les responsables syndicaux locaux, militants communistes ou élus des deux communes qui ont connu le même sort.

Les maires de Tarnos depuis 1801

  • 1801 – 1816 : Joseph Destremaut
  • 1816 – 1816 : Charles Lalanne
  • 1816 – 1818 : Pierre Castillon
  • 1818 – 1823 : Bernard Duboscq
  • 1823 – 1828 : Joseph Mege
  • 1828 – 1840 : Salvat Lalanne
  • 1840 – 1844 : Paul Adoue
  • 1844 – 1857 : Pierre Lacouture
  • 1857 – 1870 : Jean Severin-Rouy
  • 1870 – 1871 : Joseph Bernettes
  • 1871 – 1878 : Charles de Lalande
  • 1878 – 1904 : Jean-Baptiste Devert
  • 1904 – 1919 : Maurice Labrouche
  • 1919 – 1920 : François Graciet
  • 1920 – 1920 : Pierre Dufourcet
  • 1920 – 1920 : Adolphe Pomade
  • 1920 – 1923 : Pierre Dufourcet
  • 1923 – 1923 : Jean-Baptiste Sanglan
  • 1923 – 1925 : Alexandre Pereyre
  • 1925 – 1930 : Jean Bébé
  • 1930 – 1930 : Joseph Biarrotte
  • 1930 – 1935 : Charles Durroty
  • 1935 – 1939 : Joseph Biarrotte
  • 1939 – 1944 : Maurice Daugareil (délégation spéciale)
  • 1944 – 1947 : Albert Castets
  • 1947 – 1971 : Joseph Biarrotte
  • 1971 – 1991 : André Maye
  • 1991 – 2004 : Pierrette Fontenas
  • 2004 –  : Jean-Marc Lespade

Pierre Dufourcet

Le 27 avril 1919, meurtri par la guerre 1914-1918, le Conseil municipal de Tarnos (Landes) vote l’édification d’un monument aux morts rendant hommage aux 121 soldats de la commune ayant perdu la vie lors de la Grande Boucherie. Le projet de M. Sarrail, de Biarritz, est retenu.

Pour financer le monument, une souscription est lancée auprès de la population.

Les inscriptions pacifistes font polémiques

Construit en 1921, le monument comportait à l’origine des inscriptions peintes en noir sur ses 4 faces :

  • Côté Ouest : « À ceux qui sont morts croyant défendre les belles vertus de la race humaine »
  • Côté Nord : « Les guerres n’ont jamais été que la misère des peuples. Souvenez-vous »
  • Côté Est : « L’humanité n’a qu’un chemin : la Paix »
  • Côté Sud : « Mère de famille, que l’avenir dans la paix nous réserve plus de gaieté »

Les accents pacifistes du monument qui y défient le pouvoir ne sont pas du goût de l’État. Par arrêté préfectoral, il est demandé au maire de Tarnos, Pierre Dufourcet, de supprimer l’inscription « À ceux qui sont morts croyant défendre les belles vertus de la race humaine » sous un délais de 8 jours. « Faute par lui de se conformer à cette prescription, il sera procédé d’office et aux frais de la commune à l’enlèvement de l’inscription incriminée », précise l’arrêté préfectoral en 1921.

Soutenu par le Conseil municipal, Pierre Dufourcet refuse d’obtempérer.

Le Conseil municipal de Boucau se déclare solidaire.

Le Maire Pierre Dufourcet destitué, les inscriptions effacées de force

Après une bataille politique et juridique, le Maire de Tarnos est suspendu par le Préfet des Landes en décembre 1923. De Dax, on envoie des ouvriers effacer, de nuit et protégés par la police, les inscriptions sur le monument.

Elles seront réinscrites par un anonyme en peinture rouge.

En février 1924, une nouvelle délibération du Conseil municipal tarnosien confirme symboliquement « le maintien des inscriptions sur le monument aux morts qui ont été enlevées contre sa volonté (…) et rejette la proposition de M. le Préfet.».

En 2017, le Maire de Tarnos, Jean-Marc Lespade, a fait réinscrire ces inscriptions sur le socle du Monument, réparties et orientées tel que l’avaient souhaité les élus du siècle passé.

Maurice Daugareil

En 1939, suite à la destitution de Joseph Biarrotte, Maurice Daugareil (1939 – 1944) est nommé par le Préfet « Président de la délégation spéciale ». Il est chargé d’administrer la ville pendant la période de l’occupation (fonction occupée) jusqu’en 1944.

Jean-André-Maye

Forgé par les luttes, André Maye avait comme fil rouge cette phrase de Victor Hugo : « Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent ». Une phrase extraite d’un poème qui résume avec justesse le parcours et les valeurs de cette grande figure de Tarnos et des Forges de l’Adour.

Textes : Ville de Tarnos. 2015 – 2016

Un syndicaliste précoce, des Forges à l’ONU

André Maye est né le 19 novembre 1920, « un mois avant le Parti communiste français » comme il aimait à le signaler, en plein cœur des « corons des Forges ».
Orphelin à l’âge de 8 ans, il est élevé par son demi-frère à la Cité des Forges de Tarnos. C’est en 1934, à l’âge de 13 ans, qu’il entre comme apprenti à l’Usine des Forges pour pouvoir ramener un salaire à la maison. Il devient ajusteur-tourneur-traceur. Il est par la suite nommé chef d’équipe puis adjoint au chef d’atelier.

Confronté à la dureté du travail et à l’exploitation que subissent les ouvriers des Forges, André Maye découvre dans le même temps les fortes traditions de lutte et de solidarité existant entre les ouvriers. Il adhère alors l’année même de son entrée dans le monde du travail, à la Confédération Générale du Travail Unitaire (CGTU). Son action, ses valeurs, ses convictions et son sens de l’engagement font rapidement de lui un camarade reconnu à la CGTU, puis à la CGT, après la réunification des deux syndicats.

La Seconde Guerre Mondiale vient interrompre un temps ce parcours. Réfractaire au Service du Travail Obligatoire (STO), André Maye est raflé en juin 1943 et déporté au camp disciplinaire de Berlin. De retour en France, il épouse Simone Dubois, également très impliquée sur le plan syndical, avec laquelle il aura deux enfants.

Après la Guerre, André Maye continue son militantisme syndical. Il est désigné responsable syndical, puis élu à la direction du Syndicat des Métaux et au Comité d’Établissement. Il devient également Secrétaire du Comité central d’Entreprise de la Compagnie des Forges.
Son engagement syndical le portera jusqu’à l’ONU où, représentant de la Fédération Syndicale Mondiale, il s’insurgera contre les idées de la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier.

Un engagement politique et municipal

Son engagement syndical se double d’un engagement politique. André Maye adhère au Parti communiste français en 1952. En 1959, il entre au Conseil municipal dans l’équipe de Joseph Biarrotte. Six ans plus tard, il est Premier Adjoint et devient Maire de Tarnos en 1971. De 1964 à 1988, il est élu au Conseil général des Landes.

En 1965, les Forges de l’Adour ferment. L’action volontaire d’André Maye, ainsi que sa capacité à rassembler et à travailler main dans la main avec le Maire communiste de Boucau d’alors Jean Abbadie, ont permis d’amorcer la reconversion industrielle de la ville.
Leader syndical, il paiera le prix de son engagement en étant un des rares ouvriers des Forges à ne pas bénéficier des reconversions mises en place dans les entreprises de fabrique d’engrais ou dans l’aéronautique.

En 1991, après 20 années à la tête de la collectivité, André Maye passe le flambeau à Pierrette Fontenas et redevient simple conseiller municipal jusqu’à la fin de son mandat électif en 1995.

André MAYE, le « Bâtisseur »

Durant ses années de mandat, André Maye révolutionne le visage de la ville. Il est en effet le premier à  prendre conscience de la nécessité de donner un centre-ville à Tarnos et de transformer le bourg.

Confronté aux difficultés que des jeunes travailleurs connaissent pour se loger, il fait construire le Foyer des Jeunes Travailleurs (1971). Sous son mandat, Tarnos se dote des écoles Félix Concaret (1986), Jean Mouchet (1978) et de l’école maternelle Odette Duboy (1977). De son action résulte aussi la construction de la première cuisine centrale Jean Paillé (1982) et de la première station d’épuration. Il est également à l’origine de la création du quartier du Pissot (1968), la salle Joseph Biarrotte (1984) et du stade intercommunal (1986) qui porte aujourd’hui son nom.

Son action fut aussi décisive en tant que Conseiller général. André Maye participe à la création du SITCOM Côte Sud des Landes. Il travaille également avec la Société d’Aménagement des Territoires et d’Équipement des Landes (SATEL) et contribue au développement de diverses infrastructures notamment en terme de voiries avec l’A63 ou le CD85.

L’internationaliste

Son activité politique ne se limite pas à ses mandats électoraux. André Maye participe à toutes les manifestations ouvrières où sont revendiqués la paix, la justice et les droits humains.

Il défile ainsi le 14 juillet 1953 à Paris lors de la traditionnelle manifestation organisée par le parti Communiste Français pour célébrer la Révolution française et à laquelle se sont joints des nationalistes algériens du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD) de Messali Hadj.
De ce défilé violemment réprimé au cours duquel la police tire sur la foule et tue sept manifestants, André Maye a gardé la cicatrice d’un coup de matraque.
(À cette dante de Guerre d’Algérie n’a pas commencé si on accepte la date traditionnellement admise du 1er novembre 1954 comme déclenchement.)

En 1988, il organise à Tarnos une marche en hommage à Dulcie September, représentante de l’ANC en France, assassinée par des partisans de l’Apartheid le 29 mars 1988. A l’époque où Nelson Mandela, encore en prison, est considéré par l’État comme un terroriste, André Maye et la municipalité le déclarent citoyen d’honneur de la ville. Ce même jour, le drapeau de l’ANC flotte sur l’Hôtel de Ville.

Maire honoraire de Tarnos, il a continué, jusqu’à la fin de sa vie, à suivre de près les évolutions de la commune.
En 2010, une belle fête avait été organisée pour ses 90 ans par ses amis et camarades. Parmi les 500 convives, Patrick Le Hyaric, Directeur du journal L’Humanité et Député Européen, était venu lui rendre hommage.
Le 21 novembre 2014, André Maye s’éteint à Saint-Martin-de-Seignanx, à l’âge de 94 ans. Il repose désormais à Sainte-Marie-de-Gosse, aux côtés de sa compagne, Odette Miremont.

Hommage de Monsieur Jean-Marc Lespade, Maire de Tarnos

Extrait du discours prononcé le 25 novembre 2014 lors des obsèques de Jean-André Maye

« Pour moi, André Maye était un personnage hors du commun. Il incarnait comme personne la Ville de Tarnos, cette Ville de résistance comme il aimait la qualifier. Sur le plan intellectuel, il était profondément rigoureux, exigeant avec lui-même comme avec les autres. Quand j’ai succédé à Pierrette Fontenas, il m’a donné quelques conseils. C’était aussi un formidable orateur et à ce titre, il me revient en mémoire une anecdote qu’il m’avait confiée. Dans les années 1950, à la suite d’une rude négociation salariale avec les patrons des Forges, André Maye s’était chargé d’en communiquer les résultats à ses collègues ouvriers. En hauteur, juché sur des poutrelles métalliques, il avait informé les ouvriers qu’une augmentation de salaire à deux chiffres avait été obtenue. S’exprimant en patois, des ouvriers au premier rang avaient dit que ce n’était pas possible et que sûrement André Maye se trompait. Il lui avait fallu convaincre les incrédules et confirmer cette formidable avancée sociale.

André Maye a laissé son empreinte sur la Ville de Tarnos. Lors du repas organisé pour ses 90 ans, ils étaient plus de 500 d’entre eux à être venus le saluer. Les Tarnosiens ne l’ont pas plus oublié aujourd’hui et sont venus en nombre lui rendre hommage. Les nombreux messages inscrits dans le livre de condoléances ouvert en Mairie sont là pour le prouver. Sa perte est immense pour notre Ville mais nous avons désormais le devoir de faire vivre son souvenir. (…) »

Pierre Laurent, Secrétaire National du Parti Communiste Français

Jean-Marc Lespade, Maire de Tarnos, vient de m’informer du décès de Jean-André Maye, qui fut Maire de cette belle ville pendant 20 ans et Vice-président des Landes. Jean-André Maye avait le sens du bien commun. Militant communiste, syndicaliste, engagé pour son idéal de justice sociale. Il avait mis cet engagement au service des travailleurs, des habitants de Tarnos et de son département. Il fut un grand homme politique des Landes et bien au-delà. Je présente à sa famille, à ses proches, à l’équipe municipale, à ses camarades syndicalistes et communistes, aux habitants de Tarnos qui sont dans la peine toutes mes condoléances et mon amitié dans ce moment si particulier.
Pierre Laurent,
Secrétaire National du Parti Communiste Français

Les personnalités tarnosiennes

Pierrette Fontenas

Textes : Ville de Tarnos. 2016.

Pierrette Fontenas (Maire de 1991 à 2004) entre dans l’équipe municipale d’André Maye en 1977, avant de devenir en 1989 Première Adjointe. Très impliquée dans la vie municipale et la politique locale, elle est élue Conseillère générale du canton de Saint-Martin-de-Seignanx en 1988, responsabilité qu’elle assumera jusqu’en 2008.

En 1991, après avoir été Maire de Tarnos pendant 20 ans, Jean-André Maye passe le flambeau à Pierrette Fontenas, alors âgée de 46 ans. Pendant ses 13 années de mandat, elle marque la ville de sa personnalité et s’attache à réaliser des investissements importants pour développer les équipements de la ville. Au cours de son mandat, la ville se dote notamment de l’école maternelle Robert Lasplacettes, de sa toute première crèche, de l’École de Musique, du Centre Social André Arlas et de son nouvel Hôtel de Ville.

En 1993, suite à la création de la Communauté de communes du Seignanx, elle en devient sa première présidente. Elle est également la première femme à siéger au Conseil Général des Landes.

En 2004, elle annonce sa volonté de démissionner de ses fonctions de Maire. Militant pour la retraite à 60 ans, elle estime cohérent de se retirer de ses responsabilités électives à cet âge. Son Premier Adjoint Jean-Marc Lespade, 38 ans, lui succède alors.

Pierre Hugues (Bazas, 1794 – Saint-Esprit, 1850)

Lieu : Rue Pierre Hugues

Avocat de formation, Pierre Hugues achète en 1823 à Pessac, aux portes de Bordeaux, le domaine de Bos qu’il s’applique à mettre en valeur.

D’un esprit inventif, il imagine une nouvelle méthode de récolte de la résine, qui serait recueillie dans un pot de terre cuite. Il fait ainsi breveter en 1844 le pot à résine.

Dans un même temps, il met au point dans son usine de Tarnos un procédé de distillation permettant d’obtenir une résine de qualité supérieure. La résine Hugues ainsi produite se vend plus chère que toutes les autres. Quant à l’usage du pot Hugues, il se généralise après la loi du 19 juin 1857 et le boisement des Landes de Gascogne.

Michel-Arnaud Lafitte (Saint-Martin-de-Seignanx, 1935 – El Milia, Algérie, 1959)

Lieu : Rue Michel-Arnaud Lafitte

Ouvrier à l’Usine des Forges et militant actif de la CGT, cet enfant du pays est incorporé en 1957 dans un régiment de métropole pour aller combattre en Afrique du Nord.
Il est mort au combat, en Algérie le 14 juin 1959, à peine âgé de 24 ans.

Alexandre Viro

Un fils d’imigré

Alexandre Joseph Viro, est né le 20 mars 1881 dans la ville de Rive-de-Gier (département de la Loire). Bien qu’il soit né en France, les parents d’Alexandre Viro sont italiens et il est donc lui-même de nationalité italienne. Sa mère était ménagère et son père boulanger, sans domicile fixe ni connu.

Alors qu’il est encore un enfant, Alexandre Viro et sa famille s’installent dans notre région. Il épouse Madeleine BOUHEBEN à Boucau le 6 septembre 1901, avec laquelle il a trois enfants.

Ouvrier des Forges engagé

Adulte, il entre aux Forges de l’Adour où il devient ouvrier métallurgiste. Confronté à l’exploitation des maîtres des forges, il se syndicalise rapidement à la Confédération Générale du Travail (CGT). Il y gagne la confiance de ses camarades, participe à la grève de mai 1918 avec occupation d’usine et assure même l’intérim du secrétariat du syndicat en juin 1918 alors que le secrétaire de l’époque, Joseph Desarménien, est mobilisé. Alors que la Première guerre mondiale n’est pas encore achevée, ses activités militantes et son engagement dans le syndicalisme ouvrier lui valent de nombreuses menaces et la répression de l’État.

Dès cette époque, le représentant de l’État chargé de contrôler les usines de guerre s’inquiète de son influence sur les ouvriers et demande au Préfet de faire procéder à l’expulsion d’Alexandre Viro. Mais la solidarité des ouvriers des Forges, qui menacèrent de se mettre en grève, fit cependant reculer l’État. Cette menace d’expulsion empêche toutefois Alexandre Viro de continuer ses activités syndicales aux Forges.

Un syndicat menacé

La CGT le charge donc d’apporter ses connaissances et son savoir-faire aux travailleurs en lutte qui ne sont pas organisés. En 1919, à Pau, il participe à l’organisation de la grève des boulangers puis de celle du bâtiment. En 1920, à Mauléon, il aide les sandaliers dans leur lutte.

Comme le prouvent les archives, chacune de ses grèves est très surveillée par la police française et les agissements d’Alexandre Viro sont scrutés avec beaucoup d’attention. Le patronat et l’État n’attendent qu’un faux pas de sa part pour prononcer l’expulsion.

En mars 1920, le Conseiller général de Saint-Martin-de-Seignanx dénonce dans un courrier « les agissements de Virot [sic] ».

Solidaires avec les métayers

Avec ses camarades de la CGT, Alexandre Viro n’a pas cessé son activité. Il organise des réunions afin d’aider dans leur lutte les métayers de l’arrondissement de Dax (dont dépend le Seignanx). Ces derniers se battent contre un statut archaïque et profondément injuste qui donne tous les droits aux propriétaires des terres. Au sortir de la guerre, le statut de métayer semble tout simplement insupportable à ces petits paysans et ils réclament une refonte en profondeur. Alexandre Viro contribue à la création du syndicat des métayers du Bas-Adour qui regroupe plus de 3400 métayers.

Il doit ensuite participer à une campagne semblable auprès des métayers de la Chalosse dans l’arrondissement de Saint-Sever.

Inquiet de cette agitation et de la propagation du syndicalisme parmi les métayers, l’État décide de frapper à la tête du mouvement et emprisonne Alexandre Viro, qualifié d’« agitateur dangereux pour l’ordre public ». Le 29 mai 1920, les métayers décident de manifester leur soutien à Alexandre Viro en se réunissant devant la prison dacquoise mais, prévenus de leurs intentions, 40 gendarmes landais et 60 soldats du 34e régiment d’infanterie de Mont-de-Marsan sont envoyés à Dax. Par crainte d’une répression violente, le rassemblement des métayers est finalement annulé.

L’exil

En mai 1920, sur proposition du Préfet des Landes, considérant que la présence en France d’Alexandre Viro « est de nature à compromettre la sûreté publique », le Ministre de l’Intérieur signe son arrêté d’expulsion. C’est depuis la maison d’arrêts de Dax où Alexandre Viro est détenu qu’on lui signifie cette expulsion. Bien que né en France où il a toujours résidé, bien qu’il ait épousé une Française dont il a eu trois enfants et avec laquelle il vivait alors à Tarnos, Alexandre Viro est expulsé de France.

Il s’installe à Irun en attendant de pouvoir rentrer et retrouver sa femme et ses enfants. Cet exil l’épuise et, en 1922, c’est un homme brisé qui assure le Préfet de son renoncement à la lutte syndicale et le supplie de bien vouloir le laisser rentrer à Tarnos afin de retrouver sa famille. En 1924, après 4 ans d’exil, Alexandre Viro est finalement autorisé à rentrer en France.

Ses convictions et sa lutte en faveur des droits des travailleurs lui ont coûté cher sur le plan personnel. Il décède à Tarnos le 27 janvier 1951 dans une grande pauvreté et il semble aujourd’hui tout naturel que ce syndicaliste, qui a consenti à beaucoup de sacrifices pour ses idées de justice et de progrès, soit aujourd’hui honoré en lui donnant son nom à une place centrale de la ville.

Résistants/Déportés tarnosiens

Tarnosiens et Boucalais raflés à l’automne 1942

Arrêtés en septembre 1942

  • Joseph FABAS, 33 ans, docker, Secrétaire de l’Union Locale CGT, Conseiller municipal de Boucau, déporté à Buckenwald
  • Raoul BRAMARIE, 41 ans, cheminot, déporté à Buckenwald, mort en déportation
  • Jean-Baptiste CASTAINGS, 43 ans, ouvrier des Forges, déporté à Sachsenhausen, mort en déportation
  • Henri DAUGA, 39 ans, ouvrier des Forges, Conseiller municipal de Tarnos, déporté à Sachsenhausen, mort en déportation
  • Séverin LATTAPY, 43 ans, cheminot, Conseiller municipal de Boucau, déporté à Sachsenhausen, mort en déportation
  • Jean-Baptiste MOLÈRES, 37 ans, ouvrier des Forges, déporté à Sachsenhausen
  • Jean DUHART, 38 ans, déporté à Sachsenhausen

Arrêtés le 8 octobre 1942

  • Roger TAUZIN, ouvrier des Forges
  • Maurice PERSE, ancien Maire de Boucau, déporté à Buchenwald, mort en déportation

Arrêtés les 13 et 14 octobre 1942

  • Paul BIREMON, 41 ans, ouvrier des Forges, responsable du Parti Communiste, déporté à Sachsenhausen, mort en déportation
  • Jean PÉCASTAINGS, 33 ans, ouvrier des Forges, responsable de la CGT, déporté à Sachsenhausen
  • Raymond GLIZE, 46 ans, cheminot, Conseiller municipal communiste de Boucau, déporté à Sachsenhausen, mort en déportatoin
  • Marthe GLIZE, 47 ans, déportée à Ravensbruck
  • Jean-Louis VERGÈS, 31 ans, électricien, déporté à Sachsenhausen
  • Maurice LAPIERRE, 49 ans, ouvrier des Forges, Conseiller municipal de Boucau, déporté à Sachsenhausen
  • Joseph SAINT-ANDRÉ, 40 ans, agent des PTT, déporté à Sachsenhausen, mort en déportation

Arrêtés dans la nuit du 26 et 27 octobre 1942

  • Jean-Baptiste DUCOM, 39 ans, ouvrier des Forges, déporté à Sachsenhausen
  • René DUVERT, 32 ans, ouvrier de Saint-Gobain, déporté à Sachsenhausen, mort en déportation
  • Henri GARCIA, 31 ans, ouvrier des Forges, déporté à Sachsenhausen, décédé à Bergen Belsen
  • Marcel GLIZE, fils de Marthe et Raymond, 20 ans, déporté à Sachsenhausen, mort en déportation
  • Maria Eliza LASSALE, 52 ans, couturière, déportée à Ravensbrück
  • Jean LASSALLE, 60 ans, ouvrier des Forges, déporté à Buchenwald
  • Hubert SANZ, 15 ans, étudiant, déporté à Sachsenhausen puis Mauthausen
  • Joseph TAUZIN, 37 ans, ouvrier puisatier, déporté à Sachsenhausen
  • Louis Gabriel VERGÈS, 42 ans, électricien, déporté à Sachsenhausen
  • François BAUDONNE, 45 ans, cheminot, Conseiller municipal de Tarnos, déporté à Sachsenhausen, puis Buchenwald
  • Charles DESQUERRE, 49 ans, responsable du Parti Communiste, déporté et décédé à Sachsenhausen
  • Cyprien DORDEINS, 32 ans, ouvrier des Forges, déporté à Sachsenhausen
  • Charles DURROTY, 60 ans, ancien ouvrier des Forges, ancien Maire de Tarnos, déporté à Sachsenhausen, mort en déportation
  • Alexandre HARGOUS, 58 ans, cantonnier, déporté à Sachsenhausen, mort en déportation

Arrêtés à l’usine des Forges le 27 octobre 1942

  • François ABBADIE, 60 ans, ouvrier des Forges, déporté à Sachsenhausen, mort en déportation
  • Jean BATAILLÉ, 46 ans, ouvrier des Forges, déporté à Sachsenhausen, Buchenwald et Flossenburg, mort en déportation
  • Henri BIREMON, 43 ans, ouvrier des Forges, déporté à Sachsenhausen, mort en déportation
  • Jean GRACIET, 48 ans, ouvrier des Forges, déporté à Sachsenhausen, mort en déportation
  • Antoine GUICHONNA, 41 ans, ouvrier des Forges, déporté et mort à Sachsenhausen
  • Pierre HIRIGOYEN, 31 ans, ouvrier des Forges, déporté à Sachsenhausen
  • Joseph LAVIGNE, 46 ans, ouvrier des Forges, déporté à Sachsenhausen, mort en déportation
  • Pierre SUSPEREGUY, 40 ans, ouvrier des Forges, déporté à Sachsenhausen

Les maires de Tarnos et de Boucau déportés

Exposition réalisée dans le cadre du 70ème anniversaire de la rafle des Résistants de Boucau et de Tarnos. 2012 – Réalisation Ville de Tarnos. Documents actualisés et complétés en janvier 2016.

Fait peu connu, la répression des militants et des élus communistes a commencé dès l’automne 1938 en France. Or, depuis la création du Parti Communiste en 1920, Tarnos et Boucau sont administrées par des élus communistes souvent issus du milieu ouvrier et syndicaliste des Forges. Les élus des deux communes sont destitués entre le 19 août et le 2 novembre 1939, avant que la presse communiste ne soit interdite (26 août) et le Parti dissout (26 septembre).

Jean-Baptiste Lanusse, Maire de Boucau, Etienne Ladaboure, adjoint, et André Moine, secrétaire du PCF Aquitaine, sont déportés dans le Sud-Algérien.

Joseph Biarrotte, Maire de Tarnos, est quant à lui destitué le 27 octobre, interné au camp de Beauplaisir à Mérignac avant d’être déporté. Survivant, il est de nouveau élu Maire de 1947 à 1971.

En revanche, Charles Durroty, ancien Premier Adjoint et Maire de Tarnos, est arrêté lors des rafles d’octobre 1942. Il décède le 13 février 1945 dans le camp de Sachsenhausen.

Maurice Perse, ancien Maire de Boucau arrêté un peu plus tôt, perd lui aussi la vie dans le camp de Buchenwald.

Nombreux furent les responsables syndicaux locaux, militants communistes ou élus des deux communes qui ont connu le même sort.