Monuments et patrimoine
L’église Saint-Vincent
La date de construction de l’église Saint Vincent reste très approximative, elle est située par les historiens et les architectesdes monuments nationaux au XIIème siècle.
La première vocation de ce lieu, au-delà de l’édifice de culte, était une commanderie hôpital des chevaliers de l’ordre de Saint Jean de Jérusalem. L’église servait ainsi au XIII ème siècle à recueillir les pèlerins qui affluaient sur les routes en direction de Saint Jacques de Compostelle.
L’église Saint Vincent est marquée par l’art roman : ses murs sont épais et dégagent une certaine austérité, le chevet à l’Est du bâtiment est lui aussi significatif de l’empreinte de ce style architectural. Elle se caractérise également par son côté fortifié et la structure de son clocher n’est pas sans rappeler celle d’un donjon. Sur la voûte du cœur de l’église, des fresques datant du XVème siècle ont été découvertes en 1970 et inscrites à l’inventaire des Monuments Historiques en 1971.
Le Domaine de Castillon
Les premières mentions de Castillon remonteraient au XVIIème siècle. La famille Batbedat, riches négociants bayonnais, acheta cette propriété de plusieurs hectares. De mémoire d’hommes, les jardins de Castillon auraient été dessinés par un élève de Le Nôtre, Monsieur de la Quintinie.
En 1829, le domaine est repris par François Faurie. Ce dernier, appréciant peu les jardins à la française, s’emploie à refaire le parc à la mode anglaise : il fait planter de très beaux arbres et aménager de grandes pelouses vertes qui changèrent l’aspect du parc.
La « Dynastie » Labrouche donne son visage actuel au domaine
En 1869, à la mort de son oncle François Faurie, Félix Labrouche hérite du domaine. En 1900, son fils, Jean-Ernest Labrouche, fait construire le château actuel, remplaçant une ancienne bâtisse bourgeoise. Grand amateur de chevaux, il fait également aménager une piste d’entraînement et des écuries à quelques mètres du château.
Au début du XXème siècle, la famille fait réaménager le parc, en y implantant notamment des arbres de bois précieux. Un lac est creusé et des ouvrages en pierre sont édifiés parmi lesquels la fontaine, les belvédères et l’embarcadère. Des sentiers sont aménagés tout autour du lac et permettent aux promeneurs de profiter d’un cadre exceptionnel.
L’intérieur du château est décoré avec goût. Une brochure sur les plus belles propriétés de la Côte d’Argent de 1926 mentionne « les salons superbes et clairs » et « la superbe bibliothèque très remarquable ».
La vie à Castillon est ponctuée de fêtes, comme celle donnée en l’honneur de la grand-mère de la famille Labrouche qui célèbre ses 100 ans en 1931, ou bien encore, les différents mariages de cette famille nombreuse.
Avant 1940, Castillon est connu dans toute la région pour ses fastes et sa douceur de vivre. De prestigieux convives viennent passer quelques jours au château, à l’image du Roi d’Espagne, Alphonse XIII ou encore du Sultan du Maroc.
Castillon devient centre de vacances
Durant la Seconde Guerre Mondiale, le château est occupé par les allemands. Après guerre,
Castillon est mis en vente et devient centre de vacances.
En 1952, le Département de l’Ariège et la section locale des Pupilles de l’École Publique achètent le domaine grâce notamment à la participation des enseignants qui, à l’époque, ont tous donné l’équivalent d’une journée de salaire pour cette acquisition.
De nombreux enfants, ariégeois dans un premier temps, puis venant de toute la France, profitent de ce cadre idyllique.
En 1955, une maison d’enfants à caractère sanitaire est construite à proximité du château et fonctionne durant toute l’année scolaire. Durant l’été, les colonies sont organisées sur 3 périodes de 25 jours, dont chacune nécessite 12 cars transportant 400 enfants et 50 moniteurs.
Plusieurs bungalows sont construits dans le parc : salles de jeux, dortoirs et salle de classe pour celles et ceux venus en école de plein air. Une lingerie, une infirmerie et un local « douches » complètent les équipements mis en place par l’Ariège pour le confort des enfants.
Les séjours à Castillon sont consacrés à toutes sortes d’activités : parties de pêche sur le lac, jeux de piste, pièces de théâtre, fêtes costumées, après-midis à la plage… De nombreuses structures, telles que toboggan ou tourniquet, sont implantées devant le château. Des terrains de basket et de tennis sont également aménagés sur le site.
Durant chaque séjour, au moins une journée entière est dédiée à la visite de la Côte d’Argent : Biarritz, Saint-Jean-de-Luz… Pour les plus grands, une sortie camping est prévue chaque semaine.
Le dimanche, tout le monde reste à Castillon. C’est le jour des visites et des séances récréatives, comme les kermesses, les fêtes sur le lac, les olympiades…
Des années noires à la réhabilitation du parc
Au début des années 1990, la gestion du domaine est reprise par l’association Vacances Loisirs qui entreprend toute une série de travaux afin de transformer les lieux en résidence hôtelière. Mais ce projet ne se concrétisa pas.
La Ville de Tarnos et les promoteurs immobiliers se livrent une féroce bataille pour acquérir le domaine, la commune souhaitant préserver le caractère naturel du parc.
S’en suit une série noire pour le domaine de Castillon. Abandonné à l’outrage des ans et du temps, le château est également occupé par des visiteurs de passage. En 1996, un terrible incendie ravage l’étage supérieur du bâtiment.
Alors que la nature a repris peu à peu ses droits et recouvre les sentiers et les ouvrages bâtis du parc, le domaine est laissé aux seuls badauds qui entretiennent par leur passage une partie des chemins. Mais laissé à l’abandon, le domaine finit par servir de décharge sauvage…
En 2006, la commune de Tarnos parvient finalement à racheter le domaine. Le parc est dans un état de délabrement avancé. Des travaux d’aménagement du site sont entrepris.
Outre l’élagage et l’abattage de plusieurs arbres menaçant de tomber ou rongés par les maladies, des travaux de sécurisation du domaine et de restauration sont effectués (nettoyage, mise en sécurité, création d’une piste verte…).
Véritable poumon vert au cœur de la commune, le Domaine de Castillon est désormais un lieu de détente et de découverte très apprécié du public.
Depuis 2015, une Fête du Parc est proposée au mois de septembre. Elle permet de (re)découvrir des aspects du parc peu connus et de sensibiliser au développement durable.
De plus, la Ville et le Comité Ouvrier du Logement coconstruisent aujourd’hui un projet de réhabilitation et réalisation de logements locatifs sociaux. De nombreux travaux de désamiantage, de consolidation, et de curage du bâtiment devront être effectués avant de procéder à l’aménagement de 17 logements (du T2 au T4).
Les Forges de l’Adour : de l’usine à la cité
Au début des années 1880, l’implantation d’un important complexe sidérurgique a profondément modifié le paysage et la vie de Tarnos. Activité majeure durant la première moitié du XXème siècle, drainant des ouvriers de toute la France, l’usine a aussi été à l’origine de la création de tout un « village » : la cité des Forges.
L’usine des Forges
En 1881, la commune de Tarnos, dont le système agraire repose sur la culture et l’élevage traditionnels, compte un peu moins de 1800 habitants. Pauvre en ressources naturelles, ce territoire situé à l’extrême sud du département, devient pourtant le premier pôle du monde ouvrier landais.
L’implantation des Hauts Fourneaux, Forges et Aciéries de la Marine et des Chemins de Fer, plus communément appelés « Usine des Forges de l’Adour », ont profondément bouleversé le paysage économique et social du bassin de vie.
L’usine, d’une superficie de 26 hectares environ, est construite entre 1879 et 1882. La première « mise à feu » date de 1883. Dès leur mise en route, les Forges constituent un complexe sidérurgique entier, unique dans le sud-ouest de la France tant par son importance, ses productions, ses formes et ses rythmes de travail. Les Forges fournissent la totalité des rails à la Compagnie des chemins de fer du Midi, en plein développement, et devenir l’un des premiers producteurs de fonte et d’aciers spéciaux.
La transformation de Boucau et Tarnos
De 1883 à 1965, les Forges de l’Adour assurent l’essor des deux localités industrielles sœurs, Tarnos et Boucau. Toute la vie locale des deux cités s’organise autour du travail aux Forges ; la population tarnosienne a presque doublé en vingt ans, passant de 1788 habitants en 1876 à 3071 habitants en 1896.
L’implantation de l’usine attire une main d’œuvre venue de la Loire, du Creusot, des centres industriels du Massif Central mais également de Belgique et d’Espagne. Le recrutement se fait également sur place ; les salaires complémentaires issus du travail de l’usine venant s’ajouter à l’exploitation de la terre.
L’arrivée de ces nouveaux habitants éveille l’antipathie de certains qui les accusent de « venir mettre la famine dans le pays ». Le principal reproche adressé à ces « estrangés » était que les femmes portaient le chapeau !
Le choc de la fermeture
Dans le contexte de redéploiement sidérurgique de l’après Seconde Guerre Mondiale, le site des Forges, considéré comme moins rentable, est fermé.
Après 80 ans d’activités, la fermeture de l’usine est officiellement annoncée en 1962, condamnant ainsi le principal pôle industriel du département et au chômage près de 1600 ouvriers. Avant même la fermeture effective du site en 1965, la lutte s’était toutefois engagée pour le développement de nouvelles activités et l’implantation de nouvelles entreprises sur place.
De ce contexte naît un plan de reconversion ambitieux qui acquiert rapidement une forte influence régionale.
Le quartier des Forges
Dès le démarrage de l’usine en 1883, la compagnie érige les premiers logements pour les employés. Différents ensembles architecturaux sont alors construits.
Un ordre social précis
Des « casernes » (habitations destinées aux ouvriers), aux villas des ingénieurs, en passant par les îlots des contremaîtres et la maison de la direction, les bâtiments révèlent un tracé urbain selon un ordre social précis. Les « casernes » sont ainsi séparées des logements des contremaîtres par les édifices à vocation publique, comme l’école des Sœurs de la Sagesse ou encore la chapelle.
Créée de toute pièce, la cité des Forges renvoie au modèle des grandes cités industrielles du Nord et du Centre de la France et tranche avec l’architecture locale ; sa conception même est à l’image de la politique paternaliste menée par Claudius Magnin, premier directeur de l’Usine jusqu’en 1909.
Une ville dans la ville
Dès la fin du XIXème siècle, la Cité des Forges se dote d’équipements publics tels que la coopérative, l’école ou encore l’Église. Jacques Vergès, ancien ouvrier de la cité témoigne d’une véritable « puissance de la Direction des Forges » : « [elle] est telle qu’elle a une emprise quasi-totale sur la vie sociale, politique et culturelle de Boucau et de Tarnos ».
Devenue citadelle industrielle en l’espace de quelques années, Tarnos voit ce nouveau quartier se développer, véritable « ville dans la ville », caractérisé par une profonde cohésion sociale fondée sur l’honneur d’être ouvrier aux Forges.
Inscrite en Zone de Protection du Patrimoine Architectural, Urbain et Paysager (ZPPAUP) en 2006, la Cité des Forges reste le témoin visible de l’histoire industrielle de Tarnos.
Luttes à l’usine des Forges
A la fin du XIX ème siècle, les conditions de travail à l’usine des Forges sont effroyables. Les forgerons ne sont pas insensibles aux idées socialistes naissantes. Le syndicat des métallurgistes CGT est créé en 1897. Une première grève éclate cette même année.
Le traumatisme que provoque la guerre de 1914-1918 renforce également l’adhésion au mouvement socialiste qui aspire à la paix. En 1919, François Graciet, militant socialiste, est élu Maire de Tarnos. Avec ses amis, il adhère au tout nouveau Parti communiste créé en 1920. Boucau, au destin étroitement lié, fait le même choix.
En 1920, une importante grève paralyse l’industrie pendant 50 jours. Le syndicat ouvrier organise des « soupes populaires » ravitaillées par les métayers du Bas-Adour, solidaires du mouvement ouvrier.
En 1930, le mouvement de grève reconduit mobilise la classe ouvrière pendant un mois. L’état de siège est déclaré, Boucau et Tarnos sont occupés par 800 gardes mobiles à cheval. Les maires des deux communes sont révoqués et les militants syndicaux emprisonnés.
Plus d’infos : Blog de l’association Les enfants des Forges
L’église Notre-Dame-Des-Forges
Construite à partir de 1895, l’histoire de l’Église Notre-Dame-des-Forges est indissociable de celle de la Cité des Forges. Aujourd’hui désacralisée et réhabilitée, elle est devenue un véritable monument culturel et patrimonial.
La construction de l’église
Depuis 1885, le curé de Tarnos se rendait à la cité des Forges deux fois par semaine, dans une petite chapelle de fortune aménagée dans les locaux de l’école congréganiste.
Le lieu devenant trop exigu, le directeur de l’usine, Claudius Magnin, décide la construction d’une église, dont le financement est assuré par la Compagnie des Forges. Les travaux débutèrent en 1895, sans toutefois l’autorisation préalable du Ministère des Cultes, ni celle des autorités locales.
Prévue pour un coût initial de 89 000 francs, l’église Notre-Dame-des-Forges est implantée au cœur de la cité, à quelques mètres de l’usine. Ses proportions sont, pour l’époque, assez audacieuses : d’un plan rectangulaire, l’édifice couvre une surface au sol de 300 m2 et peut accueillir près d’un millier de personnes.
Une usine d’acier
De style néogothique, l’église présente une nef et deux collatéraux à cinq travées. Le chevet se trouve au Nord et un porche situé au Sud donne accès à l’édifice. Les murs et les fondations se composent essentiellement de moellons et de pierre de Bidache. Une rosace, sur laquelle figure les 12 apôtres, orne la façade d’entrée. Les vitraux, datés de 1896, agrémentent le monument. L’élévation extérieure de l’église se termine par une flèche en pierre supportant une croix en fer, faisant office de paratonnerre.
La particularité de l’église réside dans l’utilisation de l’acier. La charpente métallique, véritable épine dorsale de l’édifice est ainsi constituée de douze tonnes d’acier.
Une ouverture au culte refusée
Les travaux de l’église furent vraisemblablement achevés en 1897, mais le Ministère des Cultes refusa d’autoriser son ouverture au culte.
Les motifs invoqués étaient que l’édifice, se situant sur le territoire des Forges, échappait au contrôle des autorités ecclésiastiques et civiles pour ne relever que du directeur de l’Usine, initiateur de la construction.
Plusieurs solutions sont alors envisagées. La Préfecture demande à ce que l’usine cède par un acte authentique la propriété de l’édifice à la commune ou à la paroisse de Tarnos. Dans une lettre de juin 1897, elle autorise même l’ouverture d’une chapelle de secours, à condition que celle-ci se situe en dehors de l’enceinte de l’usine afin d’être totalement indépendante.
L’inauguration clandestine de l’église
Mais aucune des solutions proposées n’aboutit ; la nouvelle église reste donc vide, les offices religieux étant toujours célébrés dans la chapelle provisoire de l’école.
La situation ne pouvant perpétuellement durer, l’évêque d’Aire et de Dax préconise au curé de Tarnos, par courrier en date du 29 avril 1898, « d’utiliser la nouvelle église sans bruit et sans le faire d’une manière officielle ».
Il semble que cette inauguration clandestine se soit déroulée sans encombre. Dans un courrier de juin 1898, l’évêque est disposé à « nommer un prêtre en la demeure ».
Malgré les réticences de l’autorité civile, un prêtre est enfin nommé (sans pour autant lui conférer le « titre » de curé). L’église des Forges restera cependant rattachée à la paroisse de Tarnos pendant près de trente ans, jusqu’à la création de la paroisse de Notre-Dame-des-Forges en 1929.
965 – 2008, Une nouvelle vie pour l’église
Le bâtiment menacé
En 1965, suite à la fermeture de l’usine des Forges, l’église est rachetée par l’association diocésaine d’Aire et de Dax.
En 1981, d’importants travaux de rénovation sont entrepris : les murs sont repeints, la charpente est renforcée et les vitraux subissent une nouvelle restauration. C’est à cette période que les effigies de Claudius Magnin et d’Adrien de Montgolfier sur des vitraux sont remplacées par des motifs décoratifs.
En 1997, faute d’un entretien suffisant et du danger que représentent les chutes de matériau à l’intérieur même de l’édifice, le bâtiment doit fermer définitivement. Le monument se détériore peu à peu, à la grande inquiétude de la population attachée à ce témoin visible et précieux de l’histoire industrielle de Tarnos.
Municipalisation et restauration
En 2002, suite à son inscription à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques le 12 avril 2001, l’église des Forges devient propriété de la ville de Tarnos. Une importante procédure de restauration du monument est mise en place (réfection des maçonneries et ouvrages en pierre et la restauration des vitraux), parallèlement à l’aménagement des terrains alentours en espace d’animation.
En septembre 2008, c’est une nouvelle église restaurée qui est inaugurée. Dépassant le cadre de son utilisation traditionnelle, l’église devient un monument à vocations multiples : salle de spectacle, expositions, animations pédagogiques, manifestations culturelles…
La Digue
Dompter l’Adour capricieux et la puissance des flots de l’Atlantique, fut le dessein de nombreux hommes, de Louis de Foix (au XVIème siècle), à l’ingénieur Lesbordes, chargé du suivi de la construction de la Digue et qui lui laissa son nom.
De la Barre à la Digue
Au fil des siècles, les constructions se sont succédées pour tenter de vaincre les caprices de l’océan et la fameuse « Barre de l’Adour », cette accumulation de sable dans le chenal d’entrée du fleuve, rendant son accès très difficile.
Après la construction des digues basses en 1810 apparurent les digues « à claire ». Ces voies bâties sur enrochements permettaient au sable de s’écouler sur les côtés, et étaient surmontées de passerelles.
Mais très rapidement ces digues à claire-voie s’avérèrent inefficaces : en 1866 leur bois était complètement rongé par les mollusques. Pour remplacer ces digues à claire-voie, deux petites digues empierrées sont construites au Nord et au Sud de l’embouchure.
Afin d’augmenter la capacité d’accueil du port et de protéger l’embouchure de l’Adour de la houle et de l’ensablement, la décision de construire une nouvelle et grande Digue fut prise.
La Construction de la Digue Nord
Après de longues années d’études et d’expériences, les travaux de construction de la Digue sont entrepris en 1962 et dureront 4 ans. Pas moins de 80 000 tonnes de béton seront nécessaires pour l’ensemble de l’ouvrage, qui au départ devait mesurer 1 800 mètres de long !
Depuis le quartier Saint-Bernard jusqu’aux dunes, une nouvelle route fut également construite longeant l’Adour afin de permettre l’acheminement constant de blocs de pierre sur le chantier devenu colossal.
A la fin des travaux, la Digue accuse un millier de mètres de longueur et a coûté plus de 3 milliards de francs. Très sensiblement incurvée vers le Sud à l’origine, son profil a dû être redressé en cours de chantier.
Bien que paraissant indestructible et résistant aux assauts de l’océan, la Digue n’en est pas moins bâtie sur du sable et nécessite un entretien constant.
Titan
Véritable « monument » tarnosien, qui figurait par ailleurs sur l’ancien logo de la ville, la grue Titan a été l’élément moteur de la construction de la grande Digue.
Depuis 1962, date du début des travaux de la Digue, Titan dominait l’embouchure de l’Adour. Cette énorme grue à treillis d’un poids total d’environ 350 tonnes, avec une flèche horizontale de 90 m de long a été montée sur place, pièce par pièce.
Rachetée par l’État à la fin des travaux de construction de la Digue, Titan a servi pour son entretien durant 30 ans : sa robustesse l’autorisait à placer directement dans l’océan des enrochements ainsi que des blocs jusqu’à 40 tonnes !
Rouillé et inutilisé depuis 1992, Titan est vendu aux enchères à une société qui procède à sa démolition en 1999, malgré la protestation des élus.
Titan démoli, cet édifice gigantesque reste néanmoins profondément ancrée dans certaines mémoires et a marqué plus d’une génération.
La Saison des plages
Située à environ 700 m de l’embouchure de l’Adour sur la rive droite, la « Petite Mer », comme l’avait baptisé les habitants de la Cité des Forges, constituait une piscine naturelle et sans danger. Quelques aménagements agrémentent cette nouvelle « plage » : dès la fin du XIXème siècle, des cabines de bains et un débit de boissons y sont installés.
D’abord fréquentée par les enfants et habitants des Forges jusque dans les années 40, la Petite Mer a attiré par la suite de nombreux estivants, qui trouvaient là un lieu de baignade plus plaisant et moins fréquenté que les plages basques ou landaises.
De nombreuses animations ajoutaient au charme de cet endroit : concours de plongeon, chasse au canard, courses à la nage… Sans oublier les marchands de glaces, cacahuètes ou gaufres !
Avec la construction de la Digue dans les années 1960, une seconde plage communément appelée « la plage d’entre les deux digues » devient un lieu de baignade privilégié, à l’abri des vagues assaillantes de l’océan.
En 1999 pourtant, la baignade devient interdite pour cause de pollution. Néanmoins, ce lieu incontournable est resté hiver comme été un lieu plaisant, pour les badauds, les surfers comme pour les pêcheurs.
L’été, la « plage de la Digue », surveillée au Nord de la grande Digue et labellisée « Handiplage », continue de faire le bonheur des baigneurs.
Voir aussi Plages et qualité des eaux de baignades
Les Colères de l’Océan
La difficulté de passage de l’Adour a mis à mal plus d’un navire ; pour ne citer que quelques exemples, le naufrage du « Bayonnais » en 1873 ou celui du cargo « Walborg » en 1938…ou encore la difficulté d’amarrer du « Chassiron » en 2003.
S’il est un naufrage qui a marqué l’histoire de la Digue, c’est celui du « Romulus », dans la nuit du 14 au 15 décembre 1969.
Cette nuit-là, la mer est déchaînée et il tombe une pluie diluvienne ; le sauvetage ne peut s’effectuer par la mer. La décision d’utiliser la grue Titan est alors prise, malgré le danger représenté par les fortes rafales de vent. Arrivée à la hauteur de l’épave, la flèche de Titan est orientée sur le bateau, les crochets sont descendus et un premier marin s’accroche, suivi de 17 autres hommes. 18 marins ont été ainsi arrachés à une mort certaine. Des dizaines de personnes ont participé à ce sauvetage et leur acte de bravoure a été récompensé.
L’hélice du Romulus, seul vestige du bateau, trône aujourd’hui devant la Chambre de Commerce et d’Industrie de Bayonne, agrémentée d’une plaque de marbre rappelant les circonstances de ce terrible naufrage.
La zone industrialo-portuaire (ZIP)
En 1963, faisant suite à la fermeture des Forges de l’Adour, un vaste mouvement de reconversion industrielle s’est opéré sur le territoire de Tarnos. L’installation de nouvelles entreprises sur la zone portuaire de la commune ; puis en 1964, la création d’un lotissement industriel ont dessiné les contours de l’actuelle zone industrialo-portuaire.
La naissance d’une zone industrielle
Dans les années 60, après la fermeture des Forges 1600 ouvriers semblent être condamnés au chômage. Un plan de reconversion ambitieux doit être mis en place.
Avec la création en 1963 de la DATAR (Délégation à l’Aménagement du Territoire et à l’Action Régionale), l’aménagement du territoire devient une priorité pour l’État qui tente de corriger les déséquilibres entre les territoires.
Pour Tarnos, l’enjeu est de taille. Les pouvoirs publics locaux se saisissent de la question avec le souci dominant du reclassement de la main-d’œuvre locale venant des Forges dissoutes.
Grâce à l’action des deux municipalités communistes de Boucau et Tarnos, soutenues par les communes voisines et sous la pression du Comité de défense des travailleurs, l’État décide alors de procéder à la reconversion sur place du personnel. Le Conseil général des Landes et celui des Basses Pyrénées (aujourd’hui Pyrénées Atlantiques) participent eux aussi activement à cette reconversion.
La zone industrielle de Tarnos naît ainsi des efforts volontaristes de reconversion de plusieurs acteurs, dans un contexte de renouveau économique régional avec l’émergence de secteurs moteurs comme l’exploitation du site de Lacq (gisement de gaz et de soufre), le développement de la sylviculture, de la maïsiculture et de l’aéronautique.
La création du lotissement industriel
En octobre 1963, la Compagnie des Ateliers et Forges de la Loire (CAFL) cède au département des Landes 50 hectares de terrain destinés à l’aménagement d’un lotissement industriel dont la réalisation est confiée à la Société d’Équipement des Basses Pyrénées (SEBP).
L’aménagement de la zone industrielle dite de Boucau-Tarnos fait l’objet d’une déclaration d’utilité publique et le lotissement industriel est autorisé le 14 avril 1964.
Sont aménagés :
- près de 67 hectares avec avantages matériels exceptionnels et des crédits facilités pour les entreprises
- la route départementale 85 (dénommée Route industrielle) pour relier les quais sur l’Adour à la RN 10 (l’actuelle RD810)
- un dispositif d’alimentation de la zone en eau strictement destinée à l’usage industriel depuis le cours d’eau du Boudigau, à Labenne.
L’émergence d’un tissu industriel diversifié
Les bases d’un renouveau du tissu industriel local en complément des activités du Port sont posées.
L’implantation de premières entreprises permet d’amorcer la reconversion de 337 ouvriers des Forges de l’Adour :
- 1963 : la SATEC (Société Atlantique d’Engrais Chimique) en lien avec le développement de la culture du maïs,
- 1964 : SOCADOUR (Société Chimique de l’Adour) productrice d’engrais,
- La SCIBA (Société Commerciale et Industrielle des Bois d’Aquitaine), étroitement liée au développement de la filière sylvicole.
Puis, c’est au tour de Turbomeca de choisir Tarnos, permettant cette fois le reclassement de 600 anciens forgerons, après une formation professionnelle accélérée de 6 mois. Cette nouvelle usine est encore aujourd’hui l’un des sites industriels les plus importants du Département : devenu Safran Helicopter Engines, elle compte 1550 salariés.
A partir de l’année 1964, d’autres entreprises accueillent également d’anciens ouvriers des Forges :
- les établissements Bertin en face de Turbomeca,
- les établissements Latimier,
- les Ateliers de Construction Électrique et Mécanique (ACEM),
- les transports Celhay…
Implantations industrielles et mutations urbaines
Le visage de la zone industrialo-portuaire change au fil des années au gré des nouvelles installations.
1980 – 1990 : Un renouveau industriel
Le contexte national de décentralisation du début des années 1980 a transformé la politique d’aménagement du territoire en un jeu d’acteurs complexe, dans lequel la commune, le Département et la Région ont de nouveaux pouvoirs et de nouvelles responsabilités, en matière d’environnement notamment et également en terme de développement.
Certaines industries ont fermé (SOCADOUR fin des années 1980, les Ciments de l’Adour au début des années 1990).
Cependant, et malgré un contexte économique général morose, différentes enseignes se succèdent ainsi au cours des décennies 1980 – 1990, à l’image de LBC SOTRASOL (aujourd’hui LBC Bayonne) qui installe en 1980 une base de stockage de produits pétroliers et de produits chimiques liquides.
Les années 1990, un second souffle pour la zone industrialo-portuaire
La zone connaît un renouveau au milieu des années 1990 avec l’installation du groupe UCIN et l’Aciérie de l’Atlantique (ADA, aujourd’hui CELSA) sur le site des anciennes Forges. Un certain nombre de petites entreprises satellites s’installent également sur le site : AIR Liquide, Chaudronnerie de la Rhune…
Bénéficiant d’une situation géographique et logistique toujours favorable, la ZIP attire ainsi de nouveaux investisseurs dans le cadre d’un aménagement planifié du territoire, fruit d’une volonté politique de conserver la vocation industrielle du site.
Espace en perpétuel mouvement, la zone industrialo-portuaire est aujourd’hui le support de projets d’aménagement et économiques d’envergure, reflets de la volonté de concilier activité économique et intégration territoriale.
Voir aussi :
Port, sidérurgie et aéronautique aujourd’hui à Tarnos
La voie de contournement du port